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Bilan des crimes israéliens en Palestine du 10 au 16 février.

Encore une semaine sanglante en Cisjordanie, marquée par deux homicides, dont celui d’un mineur, et 94 blessés, dont trois mineurs, deux journalistes et quatre soignants !

Bilan des crimes israéliens en Palestine du 10 au  16 février.

Les Forces d’Occupation Israéliennes (FOI) y ont mené 81 raids contre des villes et villages et 49 attaques contre des manifestants pacifiques. Plus de 91 prisonniers politiques, dont au moins 10 mineurs, ont rejoint les geôles israéliennes*. L’occupant a démoli 6 maisons, jetant à la rue 4 familles de 23 membres, dont 15 mineurs et 4 femmes. Il a procédé à 10 destructions diverses, passé au bulldozer 8,5 hectares de terres agricoles et détruit une rue de 500 mètres de long dans un village au nord-est de Naplouse.Les colons ont mené 19 attaques. Et aux 108 points de contrôle permanents se sont ajoutés 49 checkpoints temporaires et 5 fermetures de points stratégiques. Gaza a subi pour sa part 29 attaques contre des personnes, des terres agricoles et des bateaux de pêche.

Enfin, la pieuvre coloniale continue de pousser ses tentacules. A Asla, près de Qalqiliya, les bulldozers de l’occupant ont rasé un vaste terrain agricole en vue d’étendre une colonie. A Shufa (près de Tulkarem), pour le même motif, des colons ont détruit une oliveraie sur une longueur d’un kilomètre. A Al-Sawahrah Al-Sharqiya, près de Jérusalem, l’armée a avisé les villageois qu’une large portion de leur territoire est confisquée au profit d’une colonie future. Entre Kafr ad-Dik et Bidya, près de Salfit, ce sont les FOI qui ont déraciné 50 oliviers et aplani un terrain pour construire une colonie.  

Représailles sanglantes 

Dimanche 13, escortés par une nombreuse soldatesque, un bulldozer, des membres des forces spéciales et des experts en explosifs pénètrent en force dans le village de Silat al-Harithiya, à l’ouest de Jénine. Ils envahissent la maison du prisonnier Mahmoud Ghaleb Jaradat (38 ans) et expulsent ses habitants. Plus de 10 autres familles du voisinage sont également expulsées avec force bombes lacrymogènes et assourdissantes. Bien entendu, des jeunes gens du quartier ne tardent pas à s’assembler et à jeter des pierres contre les envahisseurs. Ils sont accueillis par des tirs à balles métalliques et réelles, des bombes assourdissantes et des lacrymos. C’est une hécatombe. Mohammed Akram Abu Salah (17 ans) reçoit une balle dans la tête. Transporté à l’hôpital à Jénine, il succombe peu après minuit. Vingt autres protestataires sont blessés, parmi lesquels deux mineurs : Mohamed Salah (14 ans) et Bahaa Abu Salah (17 ans). 

Après cet exploit, les forces d’occupation reviennent le lendemain achever le travail. Dès potron-minet, elles font exploser le 2ème étage (170 m²) qui abritait la femme de Jaradat et ses 3 enfants, tandis que le 1er étage, qui logeait la mère de Jaradat, son frère, sa femme et leurs 3 enfants, devient inhabitable suite à l’explosion. Cette démolition a été décidée à titre de représailles contre un homme accusé d’avoir tué un colon au cours d’un attentat le 16 décembre dernier. C’est devenu une habitude : la précédente démolition de ce type avait eu lieu le 1er février à Jérusalem Est. Elle avait jeté à la rue une femme et quatre enfants. 

Inutile de préciser que ces pratiques de punition collective contre des familles de résistants sont parfaitement contraires au droit international : elles constituent des crimes de guerre au sens de l’article 147 de la 4ème Convention de Genève et du Protocole (I) additionnel concernant la garantie du droit des civils palestiniens à la protection dans les Territoires palestiniens occupés. 

Assassiné par un sniper 

Et le décompte macabre continue. Mardi 15, encore un meurtre de manifestant à Nabi Saleh : un jeune homme de 19 ans, Nihad Amin al-Barghouti, est blessé mortellement par un sniper israélien posté derrière un mur (voir vidéos : https://europalestine.com/2022/02/16/nabi-saleh-loccupation-dans-toute-son-horreur-videos/). Les habitants protestaient justement contre les violences de l’occupant, et notamment contre les quatre assassinats récents à Naplouse et à Jénine ! 

Près de Qalqiliya, Kafr Qaddoum est un autre haut lieu de la résistance palestinienne. La manifestation pacifique du vendredi y est toujours durement réprimée. Celle du 11 ne fait pas exception : l’occupant bloque l’entrée du village et les affrontements qui s’ensuivent causent 10 blessés, dont Moamen Murad Shteiwi (15 ans) – sans compter les nombreux suffoqués par les gaz. 

Sheikh Jarrah en état de siège 

A Jérusalem, le quartier de Sheikh Jarrah est toujours l’épicentre du nettoyage ethnique. Cette fois, Israël déclare la guerre à la famille Salem.

Le 12 au soir, des dizaines de colons protégés par les FOI éloignent les habitants et leurs soutiens internationaux en leur lançant des pierres et en les aspergeant de gaz poivre. Ils endommagent au passage les voitures et les biens des gens du quartier. Bien entendu, les Palestiniens mécontents ont droit aux tabassages par la police, aux bombes assourdissantes et à six arrestations. Ayant ainsi fait place nette, les colons prennent d’assaut un terrain appartenant à la famille Salem, frappé de confiscation. Il s’agit de préparer la venue de leur grand homme, le député extrémiste Itamar Ben Gvir (celui qui veut expulser au-delà du Jourdain tous les « arabes » dits « déloyaux »), annoncée pour le lendemain.

Le 13, un colon ouvre les hostilités dès  8 h en aspergeant de gaz poivre Ahmed Obeid, alors qu’il conduisait la vitre ouverte. Brûlé au visage, il doit être hospitalisé. Plus tard, forces spéciales et policiers à pied, à cheval et en voiture bouclent le quartier et patrouillent dans toutes les rues, interdites aux Palestiniens et à leurs soutiens. Une barrière métallique est déployée autour de la propriété des Salem. Vers 11 h, arrivée de Ben Gvir, flanqué comme toujours de nombreux gardes du corps – on n’est jamais trop prudent ! Après s’être promené dans le quartier livré aux seuls colons, Ben Gvir installe sa permanence sous le barnum que lui ont préparé les colons sur le terrain des Salem. Là, le nouveau maître des lieux reçoit l’extrémiste Baruch Marzel, le non moins excité Aryeh King (adjoint au maire de Jérusalem) et d’autres individus de la même trempe. Comme à un jeu de monopoly, il joue les agents immobiliers en attribuant à des juifs les logements palestiniens du quartier. Prières et danses complètent la mascarade. Dans la foulée, les FOI kidnappent Khalil, le fils de la famille Salem.

Autour du quartier, les colons déchainés attaquent les habitants, leurs soutiens internationaux et les journalistes, témoins gênants, en les aspergeant de gaz poivre et en leur lançant des pierres et tout ce qui leur tombe sous la main. Les bus sont également ciblés et trois passagers sont blessés par des éclats de verre. Aryeh King participe à la curée en blessant le député Ahmed al-Tibi et Naser Qaws, directeur du Club des prisonniers palestiniens (PPC) à Jérusalem. Le skunk (voir la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=4WMPOyAdijk) coule à flots et les haut parleurs hurlent des insultes contre le prophète Mohammed, les musulmans et les Arabes. Les affrontements se poursuivent jusqu’à 23 h et font 29 blessés, dont un mineur et trois soignants, parmi les habitants et leurs soutiens internationaux.

Parmi les blessés, le photojournaliste Rami al-Khatib reçoit une bombe assourdissante dans le pied et l’ambulancier Ahmed al-Rokon une balle en caoutchouc dans la cuisse. On compte aussi huit arrestations, dont un père et son fils. Et le calvaire est loin d’être terminé pour les habitants de Sheikh Jarrah ! Le 14, un photojournaliste est roué de coups de matraque et deux frères sont enlevés par les FOI, tandis que les colons tabassent un passant et infligent brûlures et suffocations au gaz poivre à trois autres habitants. A l’aube du 15, on signale des pneus crevés et des carrosseries endommagées. Cela se répète dans la nuit du 15 au 16. A suivre… 

*Chiffres du PMG. En croisant avec le PCHR, on arrive plus probablement à une centaine de prisonniers, dont au moins 14 mineurs. Compilé par Philippe G. pour CAPJPO_Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/

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