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Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée, du 17 au 23 février

 Assassinat d’un enfant de 14 ans ; 30 civils blessés, dont 18 par balles, et parmi ces derniers 7 mineurs et un journaliste ; 145 kidnappés, dont 14 mineurs et une femme ; une dizaine de destructions jetant à la rue 47 habitants dont 28 mineurs ; 20 attaques de colons*… Tel est le triste bilan de cette semaine en Cisjordanie occupée.

En outre, 97 checkpoints temporaires se sont ajoutés aux 108 points de contrôle permanents. Diaa Salama, résident du camp de Jénine, est le 27ème Palestinien enlevé cette année à l’un de ces checkpoints.

A Gaza, sous blocus depuis 15 ans, les Israéliens ont mené 7 attaques contre des terres agricoles et trois contre des bateaux de pêche, ainsi qu’une incursion sous protection de l’aviation afin de « niveler le terrain » pour une meilleure visibilité des snipers.

 Un gamin dans la mire des snipers 

Le 22 à al-Khader, au sud de Bethléem, Mohammed Rezeq Shehadah Salah (14 ans) est occupé à jouer avec des amis à proximité du mur de l’apartheid, non loin d’une route réservée à la colonie de Etzion. C’est là qu’ils sont pris en tenailles par un grand nombre de soldats déployés à travers les rues et sur les toits environnants. Des snipers les prennent pour cible. Mohammed reçoit une balle dans la poitrine et une autre dans l’abdomen. Il succombe très rapidement. Selon leur habitude, les soldats confisquent le corps de leur victime, redoublant le désespoir de la famille, selon de nombreux témoins. L’armée, on s’en doute, a sa propre explication. Selon elle, les gamins auraient tenté de lancer des pierres et, pourquoi pas, des cocktails Molotov contre les voitures de colons circulant sur leur route réservée. Il faut dire que cette route, témoin ostensible de l’apartheid, est effectivement un point de tension permanent entre occupants et occupés (voir aussi https://europalestine.com/2022/02/23/un-garcon-palestinien-de-14-ans-assassine-par-larmee-israelienne/)

Résistants pacifiques sous les balles 

Bilan des crimes israéliens en Palestine occupée, du 17 au 23 février
La fameuse technique du genou sur le cou, exportée par Israël

Partout à travers la Cisjordanie, on manifeste contre l’extension des colonies et les exactions des colons unis à l’armée. Et partout la répression est féroce. Le 17, l’occupant prend d’assaut une maison à Jénine. Trois protestataires sont blessés par les balles des soldats. Le 18, à Beita, la manifestation pacifique du vendredi subit comme toujours une répression sanglante. Quatorze protestataires sont blessés, parmi lesquels quatre mineurs et deux journalistes. Pour faire bon poids, deux habitants sont emmenés en détention.

Malgré les arrestations et les nombreuses victimes des balles israéliennes, les villageois résistent toujours à la colonie d’Evyatar, légalisée récemment par Naftali Bennett, premier ministre et colonialiste fervent**.

Non loin de là, à Beit Dajan, on compte deux blessés parmi les manifestants.A Kafr Qaddoum, près de Qalqiliya, une autre manifestation, contre le bouclage du village, se solde par trois blessés, dont un enfant de douze ans, Sajid Jamil Juma’a. Le 19, la protestation se poursuit à Kafr Qaddoum et, cette fois, on ramasse cinq blessés dont deux mineurs. Le 22, lors d’un raid de nuit contre le camp d’al-Jalazun, l’un des habitants du quartier est blessé.  

Kidnappings de masse 

Cette semaine, 187 incursions de l’occupant en Cisjordanie ont servi à alimenter la toile carcérale. 

Al-Issawiya, faubourg de Jérusalem, est particulièrement visé cette semaine. Le 21 à l’aube, lors d’une rafle, onze habitants sont enlevés d’un coup. Au même moment, une autre rafle frappe le village de Deir Abu Mishaal, près de Ramallah, et onze autres habitants sont enlevés. Le 22, c’est au tour du camp de Jalazone, au nord de Ramallah, d’être attaqué de nuit, à 3h45. Il y a trois mineurs parmi les dix habitants raflés : Muhannad Fawzi Al-Alam (15 ans), Youssef Abu Sharifa (16 ans) et Hudhayfa Jalal Al-Biyari (17 ans). Une heure plus tard, sept habitants sont raflés dans le village de Sheikh al-Aroub et le camp voisin de al-Aroub (près d’Hébron). L’occupant récidive la nuit suivante et s’empare cette fois de onze habitants. Le 23, à 1 h du matin, c’est dans la ville de Qarawat Bani Hassan, près de Salfit, que 5 habitants sont enlevés à domicile.

Parmi les victimes de ces kidnappings :- Omar Burqan (13 ans), à Kafr Aqab (près de Jérusalem).- Rami al-Tamimi (16 ans) à Deir Nidham (près de Ramallah).- Saddam Amjad Taqatqa (16 ans), à Beit Fajjar (près de Bethléem).- Muhammad Abayat et son fils Jaafa lors d’un raid sur Bethléem.- Muhammad Zama’ra et ses deux fils, Badr et Ezz, lors d’un raid à Halhul, près d’Hébron. 

Vols à main armée 

Ces raids peuvent être lucratifs pour l’armée « la plus morale du monde ». Le 18, lors d’une razzia sur la ville d’Attil (près de Tulkarem), quatre maisons sont prises d’assaut. Le butin s’élève à 2 000 shekels (environ 500 euros) chez Muhammad Daqqa, 10 000 shekels (2500 euros), 1500 dinars jordaniens et 1200 US $ chez Amjad Qarqour, 11 000 shekels (2750 euros) chez Tawfiq al-Taqz. Le 21, dans le village de Jiftlik, près de Jéricho, l’armée confisque un bulldozer et un camion-benne aux employés de la voirie alors qu’ils s’affairaient sur un chantier. 

Colons violents et virulents 

Le 17, à la Porte des chaînes, des dizaines de colons se rassemblent pour un circuit à travers la vieille ville de Jérusalem. Ils hurlent des injures, menacent les habitants, saccagent une épicerie. La police israélienne intervient… pour protéger les colons et disperser les Palestiniens.

Ce genre d’agression se pratique presque tous les jours sur l’esplanade des mosquées sous protection policière.

A Sheikh Jarrah, les provocations continuent. Le 21, Itamar Ben Gvir est de retour avec ses partisans qui plantent deux nouvelles tentes chez les Salem (voir bilan de la semaine précédente).

Le 18, la « mode » des voitures béliers a encore frappé impunément : un colon au volant de sa voiture renverse un enfant de 7 ans, Othman Abdullah Sabra. Cela se passe à l’entrée du village de Jinsafut, près de Qalqiliya. La victime est hospitalisée. Le même jour, c’est le conducteur (palestinien) qui est blessé lors du caillassage de sa voiture par des colons de Yitzhar, près de Naplouse. Le 20, un autre conducteur palestinien subit la même agression sur la route de Ramallah à Naplouse. Le 21, à Deir Nidham et près de Ramallah, des chauffeurs palestiniens s’en tirent mieux : les dégâts ne sont que matériels.

Les terres agricoles sont toujours la cible favorite. Le 18, à l’ouest de Salfit, une bande attaque la famille de Majdi Younes. Les forces d’occupation interviennent… pour chasser les Younes de leurs terres. Le 19, des fermiers sont attaqués alors qu’ils faisaient paître leurs troupeaux à Qarawat Bani Hassan. Le soir du 20, à al-Sawiya, un villageois est tabassé par une bande de colons. Il est conduit à l’hôpital à Salfit.

Le déracinement des oliviers reste une activité très prisée, comme le 19 à Yasuf (près de Salfit) ou le 22 près de Kafr al-Dik. Le 21, à Qaryut, près de Naplouse, l’arrachage, accompagné du nivellement de 4 hectares de terres, n’est que le prélude à la construction d’un nouvel avant-poste et d’une route reliant deux colonies. 

Démolitions : Place nette pour les colons 

Pour livrer le pays aux colons, il faut commencer par faire place nette :

– Le 17, démolition de la caravane servant d’habitation à Abdullah Salouda à Madama, au sud-est de Naplouse, et de deux locaux commerciaux à Beit Hanina, au nord de Jérusalem.

– Le 19,  un habitant d’al-Issawiya, faubourg de Jérusalem, doit auto-démolir sa maison et se retrouve sans abri avec sa famille élargie de dix personnes, dont 6 enfants.

– Le 20, une tente, un baraquement résidentiel, un autre à usage agricole sont démantelés et confisqués à Kafr Malik, au nord-est de Ramallah. Six personnes, dont une femme et une jeune fille, sont jetés à la rue. Un ordre de démolition est délivré pour une maison abritant 16 personnes, dont 8 enfants, à Idna, près d’Hébron.

– Le 23, la démolition de quatre habitations à Yatta chasse 4 familles, soit 31 personnes, dont 21 enfants.Cette dernière démolitions porte à 31 familles, soit 198 personnes, dont 93 enfants, le total des sans abri fabriqués par l’occupant depuis le début de l’année. 

 * Le PCHR n’en compte que 11. Les statistiques du PMG couvrent la période du 16 à 8 h du matin au 23 à 8 h du matin.

** Dans l’armée, il s’est illustré notamment par le meurtre de 102 civils et 4 casques bleus.  

(Compilé par Philippe G. pour CAPJPO_Europalestine à partir du Palestinian Centre for Human Rights (PCHR) et du Palestinian Monitoring Group (PMG): http://www.nad.ps/)