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COMMUNIQUE DE PRESSE – COMPTE-RENDU DE LA REUNION DU MERCREDI 22 JANVIER 2003 A PARIS 6

Paris, le 22 janvier –  » Nous, personnels enseignants, chercheurs, ingénieurs, techniciens, administratifs et étudiants de Paris 6 et de Paris 7, réunis ce jour affirmons notre soutien à la motion votée par le Conseil d’Administration de Paris 6, le 16 décembre dernier, et appelons tous les universitaires soucieux des droits de l’homme à présenter, voter et soutenir des motions similaires dans leurs universités et à intervenir pour la défense du droit à l’éducation en Palestine « .


Ce texte été adopté à l’unanimité par plusieurs centaines de personnes du campus de Jussieu réunies mercredi soir 22 janvier à l’Université Pierre et Marie Curie pour une conférence à l’appel de nombreuses organisations syndicales du campus (SGEN-CFDT, CGT, SUD-éducation, SNESUP-FSU, SNASUB-FSU) du CJSUP et du CICUP.

Cet appel a été voté après l’intervention des personnalités suivantes :
– Alima Boumediene, parlementaire européenne
– Victor Duval, Maître de conférences mathématiques, Vice-président du CA de l’Université Paris 6
– Pierre Schapira, Professeur de mathématiques, Université Paris 6
– Baudouin Jurdant, Professeur de sciences de l’information et de la communication, Université Paris 7
– Ivar Ekeland, Professeur de mathématiques, Université Paris 9 Dauphine
– Renée Prangé, astrophysicienne, Université Paris XI
– Evelyne Duval, Maître de conférences en biologie, Université Paris 7
– Emmanuel Dror Farjoun, Professeur de mathématiques, Université hébraïque de Jérusalem
– Islah Jad, Professeur de sciences politiques, Université de Birzeit

Ces interventions ont notamment porté sur le bien fondé de la motion de Paris 6 qui demande le non renouvellement du 5ème Programme cadre de recherche et développement technologique (PCRDT), qui vient à échéance cette année et qui a permis à des institutions israéliennes de bénéficier du soutien de l’Union Européenne pour 498 projets, entre 2000 et 2003.

 » Ce qui était envisageable et souhaitable dans une perspective de paix, de développement et de construction d’un Etat palestinien, ne l’est plus après des mois d’occupation militaire, de colonisation, de destruction délibérée de toutes les infrastructures (exemple celle du ministère de l’éducation le 13 avril 2002), de destructions d’habitations civiles, d’expropriations, d’entraves à la circulation. Cette politique aboutit à l’effondrement du système scolaire et universitaire dont le développement serait le meilleur rempart contre le terrorisme.
Dans ce contexte, le renouvellement de l’accord d’association UE-Israël, notamment en matière de recherche, prendrait le sens d’un soutien à une entreprise de démantèlement de la société palestinienne. Le même constat a conduit le Parlement Européen, le 10 avril 2002, à voter la suspension de l’accord d’association euro-israélien. « , ont souligné les orateurs.

 » On nous dit qu’il faut que la science soit un terrain neutre pour donner une chance au dialogue et à la paix. Cet argument est une farce qui ne fait plus rire personne après l’engagement de la science et du monde académique dans les conflits qui ont secoué le XXe siècle. Il faut arrêter de dire que les affaires israéliennes ne regardent que les Israéliens ! Quand les scientifiques russes étaient emprisonnés, tous les scientifiques du monde se sont sentis concernés et mobilisés. A l’époque tous les moyens ont été utilisés pour faire pression sur l’Union Soviétique et personne n’a prétendu que la science devait rester apolitique ! Pourquoi les scientifiques palestiniens brimés par le gouvernement israélien ne mériteraient-ils pas un soutien analogue de la part de notre communauté ? « , a souligné Baudouin Jurdant.

 » J’estime que ma mission, au-delà de la création et de la diffusion du savoir, est de transmettre un message d’universalité de la condition humaine. Cela implique de défendre les droits de l’Homme partout où ils sont bafoués, au risque de s’opposer aux institutions, fussent-elles universitaires « , a déclaré Pierre Schapira.

 » Les universités israéliennes ne sont pas pires que le reste des institutions israéliennes, mais elles ne sont pas non plus meilleures, a tenu à souligner le professeur israélien Emmanuel Dror Farjourn « . Non seulement les universités israéliennes n’ont jamais fait aucun effort pour aider leurs homologues palestiniennes, mais les coopérations dans les enseignements et la recherche, qui ont toujours été minuscules, sont aujourd’hui tout simplement inexistantes, du fait du bouclage complet des territoires palestiniens.
Et si l’on affirme, comme je le fais que les violences visant la population civile israélienne n’ont aucune place dans une juste lutte contre l’oppression, on doit alors utiliser d’autres moyens de pression contre le pouvoir dominant, c’est à dire contre les institutions israéliennes. Je suis persuadé que la suspension des relations spéciales entre Israël et l’Union européenne, et des privilèges dont jouissent les universités israéliennes, est une mesure juste et appropriée. Les privilèges doivent être fondés sur le respect minimal des lois internationales pour les droits de l’Homme.  »

Islah Jad, professeur de sciences politiques à l’Université de Birzeit a fait remarquer qu’  » en s’attaquant au système éducatif palestinien, le gouvernement israélien vise en particulier la classe moyenne palestinienne, afin de la pousser à quitter son pays. « .  » Vouloir continuer à étudier ou à enseigner aujourd’hui en Palestine, c’est risquer chaque jour sa vie, sur le chemin de l’école ou de l’université, aux barrages, comme dans les salles de classe « . Dans ces conditions, a-t-elle conclu en s’adressant à l’assemblée d’universitaires français  » choisir de ne pas agir, n’est pas une option « .