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LA DESTRUCTION DE LA PALESTINE CONTINUE, S’ACCELERE

3 février – Plus rapides que l’éclair pour envoyer des télégrammes de condoléances après la mort de l’astronaute israélien Ilan Ramon dans la catastrophe de la navette spatiale Columbia, les autorités du monde entier n’ont pas eu un mot, ce week-end, pour dénoncer la série de nouvelles exactions de l’armée israélienne contre le peuple palestinien.


Les dernières 48 heures ont cependant été marquées par de nouvelles violences, caractéristiques de la volonté du gouvernement israélien de détruire les Palestiniens en tant que peuple et en tant que société.

A Hébron, d’abord, l’armée a rasé au moins 22 maisons de Palestiniens, sans doute plus selon les informations qu’ont pu recueillir sur place des pacifistes israéliens.

Ces maisons sont situées dans la partie de la ville sous contrôle officiel, et pas seulement de fait, d’Israël : environ 500 colons fanatiques, appuyés par l’armée, y terrorisent plus de 70.000 Palestiniens privés de tout droit. La destruction des maisons s’est accompagnée du saccage, par les bulldozers militaires, de dizaines d’échoppes de produits alimentaires, rageusement écrabouillées par les chenilles d’acier.

L’action s’inscrit dans un plan, publiquement vanté par Sharon, d’extension de la colonisation juive de Hébron, par création d’une zone continue de peuplement entre la colonie de Kiryat Arba (à la lisière de Hébron), et l’îlot illégal implanté dans la cité elle-même.

AGGRAVATION DU SORT DES DETENUS, DONT MARWAN BARGHOUTI

Parallèlement, des informations alarmantes sont parvenues quant au sort des prisonniers palestiniens d’Israël, dont Marwan Barghouti et les détenus du camp d’internement « Ansar-2 » dans le désert du Neguev.

Suite à sa comparution au tribunal le 19 janvier dernier, Marwan Barghouti a été l’objet d’une série de transferts, destinés apparemment à faire perdre sa trace à ses avocats.

D’abord conduit à la prison de Ramleh, le leader indépendantiste palestinien n’y est resté que quelques heures, avant d’être transféré à la prison d’Ashkelon, pour une nuit. Le lendemain, il est à nouveau déplacé, à la prison de Bersheva (Neguev), où il est mis au secret ; quelques heures après, changement de cellule, dans la même prison ; pour finir, le même jour, par un retour à la prison de Ramleh.

Samedi 1er février, Barghouti était toujours dans cet établissement, occupant la cellule n° 1 de la division Ialon, située dans les caves de cette prison dont la construction remonte au Mandat britannique. Son avocate Fatima al-Natsheh, qui a
Finalement lui rendre visite le 31 janvier, fait état des conditions moyenâgeuses de la détention : absence de lucarne, humidité constante, infestation d’insectes, etc., le tout 23 heures sur 24, avec une heure de sortie pieds et bras enchaînés.

Des événements plus graves encore semblent en cours au camp de rétention administrative de K’tziot (appelé Ansar-2 par les Palestiniens). Selon l’avocate israélienne Tamar Pelleg, qui a pu communiquer dimanche par téléphone mobile pendant quelques minutes avec un prisonnier, plusieurs dizaines de Palestiniens ont été grièvement touchés soit par tirs de balles revêtues de caoutchouc (capables de tuer selon la distance à laquelle le tir est effectué), et aspersion à doses massives de gaz lacrymogènes.

Fermé pendant les « années Oslo », rouvert par Sharon l’an dernier, Ansar-2 compterait actuellement un millier de prisonniers, maintenus en prison sans jugement ni mise en examen.

Les organisations israéliennes de défense des droits de l’homme n’étaient pas en mesure, dimanche soir, d’indiquer si les affrontements avaient pour origine une révolte des détenus contre les conditions inhumaines qui leur sont imposées, ou si la soldatesque qui les garde avait opté directement pour la répression.

A YANOUN (CISJORDANIE) UN PACIFISTE ISRAELIEN TABASSE PAR LES COLONS, SOUS L’ŒIL DE L’ARMEE

Toujours dimanche, un militant, juif, du mouvement pacifiste judéo-palestinien d’Israël Ta’ayush a été sérieusement blessé par le chef de la colonie d’Itamar, un certain Victor Avery, sous l’œil bonasse de militaires.

Yanoun a été, il y a quelques mois, le premier village de Cisjordanie dont les colons ont obtenu, à force de pressions et d’actions terroristes, le « nettoyage », autrement dit l’évacuation complète par ses habitants.

Cependant, grâce à l’action des militants de la solidarité israélienne et internationale, qui se relaient pour assurer une présence permanente, des familles palestiniennes ont pu revenir, et tiennent le coup tant bien que mal.

Dimanche, 3 d’entre eux (1 Israélien, 1 Britannique et 1 Japonais) obtiennent la permission de l’armée de se rendre dans une ferme palestinienne où les colons avaient exercé des violences quelques jours plus tôt.

Des soldats les accompagnent. Mais quelques minutes plus tard, Victor Avery arrive aussi, avec quelques acolytes armés. Et, promettant, en hébreu, au militant israélien qu’il va le tuer, il se rue sur lui, lui cassant le nez avec la crosse de son fusil automatique. Les soldats regardent, et laissent faire les assaillants, qui repartent tranquillement dans leur colonie.

PREMIER REFUZNIK DANS UNE UNITE DES SERVICES DE RENSEIGNEMENTS

Terminons cependant ce très bref compte-rendu de l’horreur sur une note d’espérance.

Le quotidien à grand tirage Maariv vient de révéler qu’un officier des services de renseignement, appartenant qui plus à une « unité d’élite » (sic), avait été cassé de son grade, pour refus d’obéissance.

En l’occurrence, cet officier a délibérément omis de communiquer en temps réel des informations à l’Etat-major de l’armée de l’air, qui s’apprêtait à effectuer des bombardements punitifs en Cisjordanie, et ce, « afin de ne pas blesser des Palestiniens innocents ».

Rapidement confondu par ses supérieurs, l’officier a admis qu’il ne s’agissait effectivement pas d’une omission, mais bien d’un refus de coopérer à l’entreprise meurtrière, avec succès d’ailleurs puisque l’opération avait été annulée, ou en tout reportée.

Devant ses juges militaires, l’officier a alors revendiqué le droit de refuser des ordres contraires à la morale ; il a été rétrogradé, et muté dans un service administratif.

Selon le Maariv, la sanction n’a pas été plus lourde car l’armée craint que l’officier, qui détient pas mal d’informations sensibles, ne se livre à un grand déballage sur la place publique.

Salut, donc, au premier refuznik des unités de renseignement de l’armée israélienne, en espérant que son exemple sera suivi.